Techniques de modification non destructive

Une fois l’image correctement préparée (redressée, recadrée et redimensionnée), il est souhaitable que toutes nos modifications à venir, et plus particulièrement les reconstructions et textes soient réalisés en modification non destructive.

Ce guide s’adresse à tous les rôles (clean, reconstruction, lettrage).

Mode non-destructif, qu’est-ce que c’est ?

La modification non destructrice vous permet d’apporter des changements à une image sans remplacer les données d’origine de l’image, lesquelles restent disponibles si vous souhaitez la rétablir. Dans la mesure où la modification non destructrice ne supprime pas les données de l’image, la qualité est préservée lorsque vous apportez vos modifications.

Le format PSD permet de réaliser des modifications non destructives, par opposition aux formats JPG ou PNG qui sont une version “aplatie” de l’image, et parfois des formats avec perte de qualité. Toutefois, si le format PSD permet de réaliser des modifications non destructives, encore faut-il savoir comment faire.

Dans ce guide, nous verrons les principes généraux de la modification non-destructive. Les détails étape par étape en image pour chaque outil seront précisés dans les guides respectifs.

Cas d’usage

Pour être bien sûr que vous ayez compris, voici quelques cas d’usage de l’intérêt du mode non destructif :

  • Je réalise le clean ou le contrôle qualité, je souhaite modifier les niveaux de gris, mais je ne suis pas sûr de moi, donc je teste à plusieurs reprises, et si je me rends compte quelques jours plus tard que je me suis trompé, je peux revenir dessus, puisque ça n’aura pas modifié l’image. En contrôle qualité, une autre personne peut également facilement revenir sur ce nivelage.
  • Je suis reconstructeur, je commence à faire une modification et je me rends compte après plusieurs retouches que ça ne va pas du tout. Je peux facilement repartir de zéro ou retoucher une petite portion de ma reconstruction.
  • Je suis éditeur, et je suis face à une page avec tous les textes japonais enlevés. Je sais à peu près où je dois placer les textes en français dans les bulles mais pour ceux hors bulle, je suis obligé d’aller regarder la raw en permanence. Si le clean a été réalisé en mode non destructif, je peux facilement basculer entre l’image d’origine contenant les textes, et la version “nettoyée” des textes.
  • Je suis correcteur en contrôle qualité, je souhaite modifier le texte en français d’une bulle car je me rends compte qu’il y a une faute d’orthographe. Je peux facilement éditer le texte (ou demander à l’éditeur de le faire) si ce dernier a réalisé les textes en non destructif.

Organisation du PSD

Ce sont les calques qui vont nous permettre de pouvoir réaliser ces modifications en non destructifs, par opposition à n’avoir qu’un seul calque (l’arrière-plan) qui est destructif.

Si vous êtes débutant, les explications ci-dessous vous paraîtront un peu obscures tant que vous n’aurez pas suivi les guides présentant les différents outils qui vont être évoqués. Vous pouvez dans ce cas continuer la lecture des guides suivants et y revenir éventuellement plus tard.

Quoi qu’il en soit, voici à quoi ressemble la fenêtre des calques d’un fichier PSD “classique” terminé :

OrdreNom/Usage du calque
3Calque de texte X
Calque de texte 2
Calque de texte 1
2Clean et reconstructions
1.5    Réglage des niveaux
1Arrière-plan

 Arrière-plan

Il s’agit de la première image importée.

On la modifie directement pour réaliser les tâches suivantes (vues dans les guides précédents) :

  • Redressement de la page (si besoin)
  • Mise à la hauteur désirée (1100 px à la MMT)
  • Mode > Niveaux de gris (si besoin)

Pourquoi on ne fait pas un calque séparé ?

Car tous nos calques suivants ont besoin que tous les éléments soient situés au même endroit, donc si la page est redressée séparément, l’arrière-plan devient inutilisable car les calques suivants ne seront pas alignés, donc autant ne pas créer des calques inutiles.

L’exemple est encore plus flagrant si on fait un calque séparé dans lequel on met à la hauteur désirée, là vous êtes certain que tout travail réalisé sur une hauteur de 1100 px est incompatible avec tout arrière-plan qui aurait une taille différente.

Comment procède-t-on ?

Ouvrez votre fichier et travaillez directement sur l’arrière-plan. Pensez à bien utiliser la règle pour le redressement, car il sera difficile de revenir dessus après.

1.5. Réglages des niveaux

Il s’agit d’un sous-calque de l’arrière-plan, qu’on appelle “calque de réglage”.

Pourquoi un calque séparé ?

Ce calque permet d’appliquer des niveaux sans toutefois modifier de façon permanente la valeur des pixels qui la composent. Ainsi, si on souhaite changer les valeurs choisies pour diverses raisons, on pourra revenir dessus et changer les valeurs.

Comment procède-t-on ?

Dans la fenêtre de calques, placez-vous sur l’arrière-plan, créez un calque de réglage de niveaux (en cliquant sur le quatrième bouton en bas à droite de la fenêtre de calques) puis en cliquant sur Niveaux…).

L’astuce pour gagner du temps : créez une action. Généralement, les niveaux vont être les mêmes pour le même tome.

 Clean

Il s’agit du calque sur lequel on va vider les bulles et faire les reconstructions.

Pourquoi un calque séparé ?

  • Pour le lettreur, cela permet de choisir de voir ou ne pas voir les textes en japonais pour savoir où placer les textes en français.
  • Pour le cleaner ou reconstructeur, cela permet de revenir sur une reconstruction à tout moment, voire refaire la reconstruction (et uniquement la reconstruction) depuis zéro !

Comment procède-t-on ?

Créez un nouveau calque (sixième bouton en bas à droite de la fenêtre des calques ). On ne duplique pas l’arrière-plan (cela augmenterait inutilement la taille du PSD) ! Si vous êtes en train de faire les reconstructions après l’édition, utilisez le calque existant du clean ou créez-en un entre le dernier calque de texte et le calque de clean : vous ne voulez pas reconstruire sur les calques de texte !

Ensuite, vous pouvez dessiner sur ce calque.

  • Si vous devez utiliser le tampon, pensez à activer l’option Échantil. “Actif et inférieurs” (se situant en haut à droite de votre espace de travail) pour pouvoir “tamponner” depuis l’arrière-plan tout en dessinant sur le nouveau calque.
  • Si vous devez utiliser le remplissage d’après le contenu, même principe, assurez-vous que vous êtes bien sur le nouveau calque et faites votre sélection puis cliquez sur édition (tout en haut à gauche) puis sur Remplissage d’après le contenu, puis cochez “Échantillonner tous les calques” et sélectionnez Sortie : “Calque sélectionné”.

Si vous vous plantez dans votre “reconstruction”, plutôt que de tambouriner Ctrl + Z, masquez l’arrière-plan (et éventuellement le calque de texte qui vous gêne, s’il y en a un), repérez votre dessin et effacez-le (gomme ou sélection + suppr).

Je déconseille de faire un calque de reconstruction pour chaque reconstruction, ou en tout cas, si vous le faites, fusionnez vos calques de reconstruction en un seul à la fin  pour éviter d’encombrer la fenêtre des calques. Pour cela, sélectionnez vos calques de reconstruction (Ctrl + clic sur les calques de reconstruction), puis faites un clique droit et cliquez sur fusionner les calques. Il n’est normalement pas utile de faire les reconstructions sur des calques séparés car sur le calque des reconstructions, vous devriez avoir chaque reconstruction à des endroits bien distincts et devez donc pouvoir les reprendre sans impacter les autres reconstructions.

Si vous le souhaitez, vous pouvez avoir un calque distinct pour le “clean” avant édition et les “reconstructions” après l’édition (par exemple, si elles sont réalisées par deux personnes différentes).

 Calques de texte

Il y a un calque de texte pour chaque texte séparé que l’éditeur va ajouter au fur et à mesure de son édition.

Pourquoi un calque séparé ?

Cela permet de corriger facilement un texte à tout moment, que ce soit une faute, une erreur de forme (césure notamment), un style erroné, etc.

Attention à ne pas utiliser les options “aplatir”, “fusionner” ou “pixelliser” des calques de texte, on doit pouvoir éditer le texte !

Comment procède-t-on ?

Avec l’extension Typer Tools, sélectionnez une surface à éditer avec un des outils de sélection puis cliquez sur le bouton “Insérer” en haut à gauche de la fenêtre de Typer Tools pour créer un nouveau calque de texte.

Autrement, utilisez l’outil Texte de Photoshop en cliquant sur son onglet puis cliquez directement sur l’image (édition au point) ou créez un cadre sur l’image (édition au cadre) pour ensuite éditer votre texte, cela créera automatiquement un calque de texte.

Ensuite, vous devez vous assurer de ne jamais aplatir ces textes.

Récapitulatif

Si vous devez retenir une chose, c’est que : que vous soyez un cleaner, un reconstructeur ou un éditeur, vous devrez toujours enregistrer en PSD.

Les différentes méthodes de modifications non destructives ont été passées en revue de façon rapide, principalement pour les personnes déjà issues du scantrad souhaitant améliorer leurs techniques. Si certaines parties vous semblent obscures, continuez à lire les guides, ces derniers seront plus détaillés.

Enfin, retenez que ces guides sont là pour mettre la barre haute en termes de qualité, mais que beaucoup d’équipes de scantrad ne demanderont pas de telles exigences.